vendredi 30 janvier 2009

Envoi des notes au ministère

Suite aux décisions des AG successives, l'envoi des notes se met en place. Voici ci-dessous la procédure à suivre pour tous les enseignants, quelle que soit la matière.
Les modalités de récupération des notes au ministère suivront rapidement !



Deux envois sont prévus :

1 ) envoi individuel de ses notes par courriel :

Chaque enseignant saisit ses notes directement sur les listes d'étudiants mises à disposition par les secrétariats.
2 modalités : de façon manuscrite (puis scanner le document) ; de façon électronique (enregistrement du fichier).

- Préciser la matière concernée.
- Conserver un double de vos notes.
- Remettre les copies en lieu sûr et habituel pour éviter qu'elles ne soient perdues, accompagnées
d'un exemplaire du listing de vos notes.

Une fois le listing rempli, l'envoyer par courriel aux trois
adresses ci-après avec une lettre type d'accompagnement:

"Madame la Ministre,

Suite aux décisions défavorables du gouvernement qui affectent, d’une
part, l’université du Havre dans laquelle j’enseigne et, d’autre part,
le statut d’enseignant-chercheur, je proteste en vous faisant parvenir
les notes d’examen du premier semestre.

J’ai averti mes étudiants qu’ils pourront obtenir communication de ces
notes auprès de vous-même et de vos services.

Vous trouverez également ci-joint la motion du Conseil de Département
de Droit - reprise par l’Assemblée générale de l'Université - qui a
décidé de cette action collective.

Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes
salutations respectueuses.

Signature

Fonction

NB : Sont en copie de ce mail : le directeur du département XXXX, le
doyen de la Faculté XXXX et le Président de
l'Université du Havre."


Adresses électroniques d'envoi :

Mme Valérie Pécresse :
valerie.pecresse@recherche.gouv.fr
contact@valerie-pecresse.fr

Cabinet de Mme la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche :

- M. Philippe GILLET, directeur de cabinet :
philippe.gillet@recherche.gouv.fr


- M. Fabrice LARCHE, chef de cabinet :
fabrice.larche@recherche.gouv.fr



Cet envoi individuel s'effectuera à partir du lundi 2 février, jour où un grand nombre d'Universités ont décrété
une grève illimitée. Des envois ultérieurs sont possibles si des copies sont encore en cours de correction.

RAPPEL : Mettre à chaque fois en copie de l'envoi du courriel le Directeur du Département, le Doyen d'UFR et le Président d'Université.
RAPPEL : N'oubliez pas de demander un accusé réception de votre courriel.


Autre possibilité : envoi des notes par courrier individuel (avec ou
sans accusé réception) à l'adresse ministérielle :

Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
1 rue Descartes
75231 Paris cedex 05 - FRANCE

Standard du ministère :
+33 (0)1.55.55.90.90



2 ) Un envoi collectif par courrier : chaque directeur de département pour chaque diplôme effectue l'envoi avec accusé réception pour être
sûr que tout soit bien réceptionné.

jeudi 29 janvier 2009

Compte-rendu de l'AG du 29 janvier.

Lundi 2 juillet se tiendra la réunion de la coordination nationale des personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche à Paris.
On vote pour que les étudiants du Havre participent à la coordination nationale à 230 pour et 1 abstention.
Ont été mandatés pour s'y rendre, à 225 pour et 6 abstentions :
- Sarah Hatchuel
- Samantha Faubert
- François Panel
- Anne Kopp
- Georges Barakat
- Paul Lebouc
- Amandine Jumelle

Vote pour la grève de l'université du Havre lundi 2 février : 130 pour, 18 abstentions, 11 ne prennent pas part au vote.

Journée de lundi 2 février :

11h : AG de site (Caucriauville, Frissard, Lebon)
14h : AG de toute l'université au site Lebon

Acceptée à 149 pour, 6 contre, 1 abstention, 5 ne prenant pas part au vote.

Faut-il demander au CA de l'université de suspendre le semestre 2 de l'année 2008/2009, impliquant fermeture administrative et arrêt des cours ? En ballotage, on en reparlera (72 abstentions, 49
contre, 42 pour, 8 ne prennent pas part au vote).


Les revendications auprès de la coordination nationale sont finalement :
1. Annulation des suppressions de postes à l'université du Havre ;
2. Affectation d'un budget au moins égal à celui de l'année dernière ;
3. Retrait du projet de décret sur la formation des enseignants ;
4. Retrait de la réforme sur le statut de l'enseignant chercheur
5. Retrait du projet CNU
6. Retrait du texte de contractualisation des doctorants

(1 contre, 2 abstentions)

Sur L'Action et le défense de l'Université

Chères étudiantes, chers étudiants,

Depuis l’affichage de l’envoi des notes à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, j’entends – et mes collègues également – monter une forme d’étonnement, d’inquiétude, voire d’exaspération parmi vous ! Le syndicat UNI (habituel cache-sexe universitaire de l’UMP) a même distribué un tract pour tenter de vous convaincre de l’absurdité de notre action… Je vais donc tenter de vous démontrer en quoi cette action n’est non seulement pas absurde mais qu’elle au contraire parfaitement légitime et légale.

D’abord, notre action est tout à fait légale.
En effet, la décision de renvoi des jurys d’examen comme celle d’envoi des notes à Mme Pécresse ont été décidées par le Conseil de Département de Droit, repris par d’autres conseils et probablement votée vendredi prochain par le Conseil d’UFR des Affaires internationales et d’autres encore. Il s’agit de nos instances représentatives, y compris les vôtres puisque vous y avez des délégués.
De même, si la grève est votée, je rappelle qu’elle est un droit constitutionnel ; il appartiendrait à chaque enseignant et personnel administratif de faire grève ou non. Donc toute action de perturbation induite par la cessation concertée du travail serait légale.

Ensuite, notre action est tout à fait légitime.
En effet, depuis plusieurs années (processus de Bologne, LMD…), mais singulièrement avec l’entrée en vigueur de la LRU et les « réformes » actuelles, nous assistons à une lente descente de l’université publique française vers la marchandisation : on ne pense plus « pédagogie » mais « crédits ECTS » ; on ne pense plus « transmission du savoir » mais « acquisition de diplôme » ; on ne pense plus « esprit critique » mais « insertion professionnelle ». Sans parler de la bureaucratisation rampante qui fera bientôt passer le Gosplan et le plan quinquennal soviétiques pour une aimable plaisanterie ! Bref, une université radicalement nouvelle apparaît, centrée sur l’utilitarisme, placée dans une concurrence exacerbée entre formations supérieures mais sans les moyens de lutter car l’Etat se désengage financièrement et qu’il n’est pas question d’augmenter les frais d’inscription et de pénaliser l’accès de toutes et tous à l’enseignement supérieur public.
Je ne dis pas qu’il faut conserver le système universitaire en l’état, ni que la professionnalisation est inutile . Je dis seulement que la pente actuelle est dangereuse parce qu’elle ne permettra pas aux étudiants de réussir. Prenons un exemple : le taux d’échec en 1re année. Le gouvernement dit que c’est inacceptable ; nous sommes d’accord. Mais quels moyens a-t-on pour y remédier ? Très peu en réalité : impossible de créer une « propédeutique » pour que les étudiants fassent leurs « humanités » ; impossible de mettre en place des systèmes d’acquisition des connaissances et de la méthodologie par petits groupes car, tout simplement nous n’avons ni les moyens humains ni les moyens financiers d’actions que nous avons pourtant débattues par exemple en Conseil de Département de Droit l’année passée.
La réalité est donc le « service minimum »… et le « double discours » : d’un côté, la proclamation de « l’excellence », de l’autre la baisse des moyens d’enseigner ! (et la même logique se décline dans tous les services publics…). A terme, en poursuivant dans cette voie, l’enseignement et l’éducation publiques seront profondément affaiblis, en contradiction totale avec la logique républicaine qui s’est construite notamment depuis la Révolution française.

La question est donc politique : étudiantes, étudiants, que voulez-vous ? Voulez-vous une université qui vous ouvre au monde, qui vous fasse réfléchir tout en vous apportant les connaissances indispensables à votre insertion dans le monde professionnel ? Ou bien voulez-vous un sous-enseignement, coupé de la recherche scientifique, destiné à faire de vous une main d’œuvre d’autant plus malléable qu’elle n’aura pas été habituée à réfléchir ? En conséquence, faut-il vous arrêter au constat de votre problème immédiat (l’impossibilité d’avoir vos notes) ou bien penser l’action actuelle dans une réflexion d’ensemble ? Pensez-vous d’ailleurs sérieusement que des enseignants-chercheurs dont la vocation est de vous servir puissent songer à vous nuire ??
Aussi je conclus sur l’argument selon lequel vous seriez « pris en otage »… Je pense qu’il faut justement être sérieux et que manier sans précaution cette expression est une insulte à celles et ceux qui ont été véritablement soumis à la menace de mort par prise d’otage : les résistants et les civils pendant la 2nde Guerre mondiale, Florence Aubenas ou Ingrid Bétancourt plus récemment. Vous n’êtes justement pas des otages ; bien au contraire ! vous êtes – tout comme nous sommes – les acteurs de la défense et de la promotion de l’université française en général et de l’université du Havre en particulier !

Spéciale dédicace pour les juristes… vous remarquerez que même sur ce blog la pédagogie continue puisque je n’ai pas sacrifiée à la sacro-sainte méthode du plan en deux parties…

Nicolas Guillet
Maître de conférences en droit public

mardi 27 janvier 2009

Texte pour RUE 89

Texte pour RUE 89

A l’Université du Havre, la colère monte lentement mais sûrement… Nous sommes une petite université qui sera touchée de plein fouet par la réforme LRU et ses effets secondaires, notamment les suppressions de postes et la modification du statut des enseignants-chercheurs.

Dans un système concurrentiel tel qu’il est en train d’être mis en place, nous ne luttons pas à armes égales avec les « pôles universitaires » ; nous serons donc ravalés au rang de collège universitaire au mieux (c’est-à-dire niveau Licence, sans d’ailleurs les moyens permettant d’obtenir les 50% de licenciés voulus par le gouvernement, sauf à baisser le niveau exigé…), et d’antenne rouennaise ou caennaise au pire.

En tout cas, à terme, la recherche, principalement en sciences sociales, sera réduite à néant au Havre : finis les colloques, les publications collectives qui nourrissent la réflexion des étudiants, finie l’université populaire qui tisse le lien avec la ville et sa population, finies les invitations de professeurs étrangers qui permettent le lien social et intellectuel… Paradoxal par exemple pour ce qui concerne l’enseignement du Droit, créé il y a 25 ans par le sénateur UMP Patrice Gélard, Professeur de droit honoraire, et développé depuis avec constance et rigueur ! Paradoxal dans la ville qui a accueilli N. Sarkozy pour son premier meeting post-présidentiel !

A terme, les universitaires seront cantonnés aux tâches d’enseignement et administratives. D’ailleurs, il est remarquable que les promoteurs de la réforme, libéraux parmi les libéraux, génèrent en réalité une bureaucratie incroyable ! En clair, un métier qui n’a pas été choisi par la large majorité d’entre nous ! Il y a une sorte de rupture du contrat moral qui noue lie à l’Etat ! Sans parler de la soumission aux instances universitaires locales et de toutes les perversions imaginables : arbitraire, localisme, clientélisme…

Les actions se mettent donc en place doucement. Le Conseil de Département de Droit, suivi par l’AG (personnels/étudiants) du 22 janvier, a par exemple décidé l’envoi des notes du 1er semestre à Mme Valérie Pécresse, ministre en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, à laquelle les étudiants pourront s’adresser pour en obtenir communication ! L’envoi des notes est prévu pour le début de semaine prochaine. Bien entendu, les jurys du 1er semestre ne seront pas convoqués, ce qu’a décidé également la dernière AG. Le Conseil de Département d’Anglais a également voté contre l’envoi des plaquettes de « masterisation » aux instances supérieures. Les scientifiques analysent le système « SYMPA » et ses effets destructeurs. Collectivement, nous résistons aussi à l’évaluation de nos enseignements sans aucun critère.

La participation à la journée du 29 janvier sera massive et se prépare également une journée d’action des universités du Grand Ouest le 5 février !!

lundi 26 janvier 2009

Réponse à la provocation présidentielle du 22 janvier

Texte écrit par Alain Trautmann, à l'URL http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2373

Écouter et voir sur le site de l'Elysée le discours sur l'avenir de la recherche que N. Sarkozy a prononcé le 22 janvier 2009 est un exercice instructif et éprouvant. Dans ce discours était confirmée la mise en place d'un comité de 18 personnes, toutes nommées par le gouvernement (7 universitaires, 6 chefs d'entreprise, 5 personnalités politiques ou de la haute administration), connues pour leur positions proches du gouvernement en la matière, et chargées de rédiger très rapidement et en toute indépendance un rapport dont une des principales conclusions était annoncée à l'avance : retirer au CNRS la gestion de ses laboratoires et de ses personnels, le transformer en un ensemble de petites agences de répartition des moyens financiers pour la recherche, dans des laboratoires désormais universitaires. Cette année devrait donc voir la fin du CNRS, la fin d'un des centres de recherche les plus réputés au niveau international, le centre qui vient d'obtenir le plus de financements européens pour des jeunes équipes de recherche de pointe, un centre qui attire d'ailleurs de nombreux étrangers (actuellement, 20% des recrutements). Ce Centre, N. Sarkozy a décidé de s'en débarrasser, et vient de choisir soigneusement des personnalités qui pourraient donner leur caution à cette opération.

Ce discours a provoqué la honte et la colère de nombreux scientifiques. Honte d'avoir un tel Président pour la France. Là où l'on pourrait espérer la hauteur de vue d'un homme décidé à bâtir, on a vu un homme qui semble toujours vouloir remettre en place, de façon pathétique, un habit de président bien trop grand pour lui. Dans Mesure pour Mesure, Shakespeare parle de ces « Grands de la terre  » enivrés de pouvoir, qui n'ont d'autre projet que de « remplir le ciel de tonnerres, rien que de tonnerres ». Il les décrit ainsi : «  … Mais l'homme, l'homme vaniteux, drapé dans sa petite et brève autorité, connaissant le moins bien ce dont il est le mieux assuré, sa fragile essence, il s'efforce, comme un singe en colère, à faire à la face du ciel des farces grotesques qui font pleurer les anges et qui, s'ils avaient nos ironies, leur donneraient le fou-rire des mortels. » Celui qui annonçait qu'il allait casser le CNRS avait-il la dignité d'un Président de la République, ou mimait-il la mine menaçante, méprisante de ceux qui, dans une bande se préparent pour une baston et brûlent d'en découdre ?

Cet homme provoque la colère par l'absurdité de ses raisonnements, qui sont lourds de conséquences. Il est vrai que la recherche effectuée dans le secteur privé est très en retard en France, comme en témoigne le faible nombre de brevets pris par les entreprises (car dans le monde entier, ce sont ces dernières et non les universités, qui prennent l'essentiel des brevets). Ce fait est évidemment en rapport avec la faible culture en matière de recherche des dirigeants d'entreprise français, avec l'absence de considération que certains d'entre eux ont pour le doctorat (le plus haut diplôme universitaire dans tous les autres pays), regardé de haut par ces Elèves de Grandes Ecoles. N. Sarkozy ignore ce problème et invite même ces chefs d'entreprise à faire des propositions de réorganisation de la recherche … publique. N. Sarkozy regrette que les découvertes qui ont valu le prix Nobel à Albert Fert aient été insuffisamment valorisées par des entreprises françaises, mais l'aient été plus souvent à l'étranger. Sa conclusion est … qu'il faut casser le CNRS, c'est-à-dire la structure qui a rendu possibles ces découvertes, aux dires d'A. Fert lui-même.

C'est aussi par ses mensonges et ses insultes proférés d'un air gourmand que N. Sarkozy a provoqué la colère. Selon lui, les chercheurs français refuseraient d'être évalués, se contenteraient d'un confort douillet (« il y a de la lumière, c'est chauffé… ») et seraient largement improductifs, sauf peut-être les mathématiciens et les physiciens, qui sont « l'arbre qui cache la forêt ». La vérité est que la recherche est un des domaines les plus évalués : pour pouvoir être publié dans un très bon journal, mon travail est évalué par des experts internationaux (mes collègues) ; pour obtenir un contrat de l'ANR, je suis évalué par des comités d'experts, qui tiendront compte de mes publications, donc de l'avis précédent. Même chose pour les évaluations par l'AERES, par les commissions du CNRS ou de l'INSERM. Comme il sait parfaitement que c'est faux N. Sarkozy est un menteur quand il dit que les chercheurs ne sont pas évalués, et refusent de l'être. Il justifie son insulte par des chiffres sortis d'on ne sait où, car il fait aussi partie de ces ignorants qui croient que n'importe quel chiffre dit forcément la vérité, fût-ce celui donné par un thermomètre truqué ou cassé.

J'affirme que dans tous les domaines de recherche en France il y a des gens remarquables, pas seulement en physique et en mathématiques. J'affirme que dans mon domaine, l'immunologie fondamentale, les chercheurs français font jeu égal avec les chercheurs anglais, et mieux que les allemands (chiffres disponibles sur demande). N. Sarkozy pourrait faire interroger les jeunes qui ont fait un post-doctorat aux USA. Ce sont des chercheurs compétents, qui ont pu comparer directement les performances des deux systèmes. Ils disent le plus souvent qu'avec les moyens financiers qui sont les siens, la recherche française n'a pas à avoir honte de ses performances, loin de là. Mais leur avis n'intéresse pas le Président. Il veut noyer le chien CNRS. Il faut donc qu'il ait la rage.

N. Sarkozy est un homme agité, qui pense que toute réforme est bonne, même quand elle est destructrice, parce que pour lui tout changement est bon, même s'il est climatique. Il affirme que la politique scientifique doit être débattue et revue chaque année. Et il est vrai que lorsqu'il s'agit de décider de très gros équipements (comme l'EPR), un débat s'impose. Hélas, cette décision discutable (très lourde de conséquences financières) a été prise en 2005 par un gouvernement auquel appartenait N. Sarkozy, sans aucun débat public sérieux. D'autres questions, aux implications financières bien moindres, comme de savoir si on doit financer la recherche en neurobiologie fondamentale, ou s'il faut faire pression sur les neurobiologistes pour qu'ils travaillent tous sur des pathologies, Alzheimer de préférence, de telles questions ne devraient en aucun cas faire l'objet de décisions politiques, mais être laissées à l'appréciation des scientifiques. Ce n'est hélas pas le cas. Ce gouvernement veut un pilotage détaillé, effectué en bonne partie par des non scientifiques (voir la composition du dernier comité créé), et pouvoir changer rapidement et régulièrement les sujets à la mode, tout changement étant bon par définition.

Le pilotage détaillé est important pour N. Sarkozy, car il permet d'exister politiquement en multipliant les effets d'annonce, et dans la multiplication des millions d'euros déversés sur la recherche, N. Sarkozy déploie un véritable talent de joueur de bonneteau. Ce pilotage est important aussi car il permet de limiter les investissements de recherche à quelques secteurs visibles, même si cette limitation signifie l'assèchement, qui pourrait être irrémédiable, de secteurs qui auraient été précieux dans l'avenir. Pour le gouvernement, cette économie est indispensable en période de crise, même si l'on sait que faire l'économie du cerveau n'est pas la meilleure façon de préparer une économie de la connaissance. Depuis des années on nous parle jusqu'à la nausée de cette économie de la connaissance qui, en liant systématiquement recherche et innovation, tend de plus en plus à corseter l'activité de recherche. Cette politique est hélas à l'œuvre dans tous les pays développés, mais pour sa mise en place brutale, la France a le monopole des Grandes Ecoles et d'un président qui méprise les scientifiques et les intellectuels en général.

Cette volonté de pilotage étroit de l'activité scientifique, qui permet de faire faire à l'Etat de substantielles économies, est à l'œuvre aussi dans les universités. L'autonomie qui leur a été récemment attribuée permet un transfert de charges financières . On verra bientôt que pour équilibrer leur budget elles seront obligées d'augmenter fortement les droits d'inscription, donc de faire prendre en charge par les familles une partie du budget de l'enseignement supérieur. Une autre économie devrait être réalisée en supprimant l'année de stage que les personnes reçues au concours de professeur (CAPES ou agrégation) effectuaient jusque là. Cette modification dans la formation des maîtres a fait protester l'ensemble de la profession, mais N. Sarkozy et son gouvernement n'en ont cure. Même la CPU (Conférence des Présidents d'Université), structure proche du pouvoir, qui avait largement inspiré la loi LRU (relative aux Libertés et Responsabilités des Universités), et conféré des pouvoirs exorbitants aux présidents des nouvelles universités autonomes, même la CPU a récemment protesté vigoureusement contre la façon dont les réformes universitaires sont mises en place au mépris de l'opinion des personnes concernées, et avec une précipitation incompatible avec une réflexion et un fonctionnement acceptables.

Une coordination réunissant plusieurs dizaines d'universités s'est réunie précisément le 22 janvier, et a annoncé une grève totale, reconductible et illimitée si le Ministère ne retire pas, sans préalable, le projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs ainsi que la réforme de la formation et des concours de recrutement des enseignants du premier et du second degré.

La provocation que constitue le discours du 22 janvier de N. Sarkozy vient couronner des mois de travail de sape. La grève décidée par la coordination du 22 janvier doit être soutenue par tous ceux qui constatent la globalité de l'attaque contre notre système d'enseignement supérieur et de recherche. Elle doit être complétée par d'autres formes d'actions énergiques, à la mesure de la violence de l'agression absurde en cours.

Assemblée du 22 janvier 2009

L’AG a entendu le compte rendu des réunions qui se sont tenues dans la matinée dans les instances suivantes :

- Département d’anglais de la FAI, avec vote d’une motion ;

- ISEL avec 60% des enseignants et un tiers des IATOS ;

- Département Droit, FAI, avec vote d’une motion (cf. sur les panneaux du Droit) ;

- Département AES Sciences Eco de la FAI ;

- IUT ;

- UFR ST ;

- UFR LSH ;

- Service de la Formation continue.

Il en ressort un profond mécontentement et la volonté d’agir pour faire reculer le ministère sur les 4 points à l’ordre du jour, à savoir :

- la suppression d’emplois,

- la dotation budgétaire,

- la masterisation de la formation aux métiers de l’enseignement,

- le projet de décret sur le statut des enseignants chercheurs.

Motion de l'AG

L’assemblée générale de l’université du Havre, réunie le 22 janvier 2009 condamne la suppression d’emplois dans l’université, l’insuffisance de la dotation budgétaire, les conditions de la préparation de la masterisation de la formation aux métiers de l’enseignement, les conditions de la modification des statuts des enseignants-chercheurs.

L’assemblée générale demande :

1) l’annulation des suppressions d’emplois ;

2) le report de la masterisation de la formation aux métiers de l’enseignement,

3) le retrait du projet de décret sur le statut des enseignants chercheurs ;

4) l’ouverture de véritables négociations avec les institutions et organisations représentatives de la communauté universitaire.

Votée à l’unanimité des 160 présents.

Décisions de l'AG

- L’AG demande aux jurys du semestre 1 de ne pas se réunir (150 pour, 8 abstentions, 1 contre).

- L’AG demande aux collègues de transmettre les notes à Mme la Ministre Valérie PECRESSE et aux étudiants d’en demander communication en s’adressant à elle. (150 pour, 8 abstentions 1 contre).

- L’AG décide qu’une commission de travail doit proposer des modalités d’action qui se réunira ce jour.

L’AG souligne enfin l’importance des mobilisations

du 29 janvier (manifestation interprofessionnelle)

et du 5 février (journée des universités du Grand Ouest).

MANIFESTATION DU JEUDI 29 JANVIER 2009

JEUDI 29 JANVIER 2009

MANIFESTATION DE DÉFENSE DE L’UNIVERSITÉ DU HAVRE : 9H30

Pour défendre l’université du Havre et l'Université en général face aux suppressions de postes, à la masterisation, à la contre-réforme du statut des enseignants-chercheurs et des doctorants,

Venez nombreux à la manifestation !!!

(RV devant la Maison des syndicats / Franklin, cours de la République)

Assemblée Générale de l’université : 13h

Amphi 6

Assemblée Générale interprofessionnelle : 14H30

Lieu à préciser.
voci un lien vers une pétition inter-disciplinaire, une façon de tisser un réseau pour la mobilisation

http://petitions.alter.eu.org/universite

vendredi 23 janvier 2009

Voici une motion en provenance de Caen.
La lutte fera-t-elle aussi exister le

grand Ouest ?

Résolution de l’Assemblée Générale des enseignants chercheurs en activité et en poste à l’IUP Banque Assurance et à l’UFR de Sciences Économiques et de Gestion de l’Université
de Caen – Basse-Normandie

Le 19 janvier 2009 à Caen

Les enseignants-chercheurs de l’IUP Banque Assurance et de l’UFR de Sciences Économiques et de Gestion de l’Université de Caen, réunis en assemblée le 19 janvier 2009, se déclarent opposés au projet de décret modifiant le statut des enseignants – chercheurs et au désengagement de l’État en termes de budget et de postes.

Ils décident, à l’unanimité moins 1 voix, de procéder à la rétention des notes aux examens du premier semestre et de ne pas participer aux jurys de délibération relatifs à ces examens.

En outre, ils appellent, à l’unanimité moins 1 voix, à ne pas présider les jurys du baccalauréat. Ils demandent en conséquence aux organisations syndicales de déposer un préavis de grève pour la période concernée.

Enfin, cette assemblée demande, à l’unanimité, au Conseil d’administration de l’UCBN de se saisir de tous les moyens de protestation contre le désengagement de l’Etat en matière de budget et de postes.

Motion du Conseil de Département de Droit


En guise d'échantillon, voici la :

Motion du Conseil de Département de Droit Faculté des Affaires internationales

Université du Havre

Le Conseil de Département de Droit,

Préoccupé par la décision du Gouvernement de supprimer 5 emplois budgétaires lors de la rentrée 2009 à l’université du Havre, ainsi que par les perspectives de suppression encore plus importantes lors des rentrées universitaires ultérieures (116 suppressions de postes annoncées),

Préoccupé par la dégradation déjà engagée des conditions d’enseignement et de recherche,

Inquiet du projet de modification du statut des enseignants-chercheurs qui, par effet mécanique d’application de la « LRU », détruira la recherche en Droit à l’université du Havre et brisera l’indépendance des professeurs et maîtres de conférences des universités,

Conscient de la spécificité et de l’utilité de l’université du Havre dans son environnement économique et social – et singulièrement d’une Faculté qui porte un projet interdisciplinaire dont les étudiants en Droit sont largement bénéficiaires,

Déterminé à sauvegarder et promouvoir l’enseignement du Droit, créé il y a 25 ans par le sénateur Patrice Gélard, Professeur honoraire de droit, et développé depuis avec constance et rigueur,

Demande :

1) Le gel de la décision de suppression de postes à l’université du Havre,

2) Le retrait du projet de modification du statut des enseignants-chercheurs,

3) La reprise de la réforme de l’université publique :

- dans le sens d’une garantie pluriannuelle des moyens budgétaires de l’excellence recherchée par le gouvernement,

- par la garantie législative de l’indépendance des enseignants-chercheurs, de l’objectivité de leur recrutement conformément à l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et du maintien de leur double fonction d’enseignant et de chercheur.

Décide qu’en l’état du refus actuel des autorités de l’Etat d’entendre les revendications légitimes qui montent des universités françaises, ses membres enseignants ne convoqueront pas les jurys d’examen du 1er semestre et enverront leurs notes à Mme Valérie Pécresse, ministre en charge de l’Enseignement supérieur, à la quelle les étudiants pourront s’adresser pour en obtenir communication,

Décide qu’en l’absence d’une prise en considération rapide de ces revendications légitimes, ses membres enseignants mettront en vigueur les mesures et actions suivantes :

- grève administrative,

- refus de participer aux jurys de baccalauréat,

- toute autre action appropriée.

Mandate son Directeur, ainsi que le Doyen de la Faculté des Affaires internationales, pour faire connaître sa position à toutes les personnes intéressées par tous moyens (presse, Internet, délégation aux élus, etc.), ainsi que pour développer une action concertée avec les autres Départements et Facultés de Droit, notamment dans l’Ouest de la France.

Au Havre, le 22 janvier 2009.

BIENVENUE

Ceci est le blog de l'université du Havre en lutte. C'est un espace ou faire figurer les motions , les actions, les informations et les contributions diverses à la mobilisation. C'est un outil pour dialoguer et relier des positions singulières ou collectives