Texte pour RUE 89
A l’Université du Havre, la colère monte lentement mais sûrement… Nous sommes une petite université qui sera touchée de plein fouet par la réforme LRU et ses effets secondaires, notamment les suppressions de postes et la modification du statut des enseignants-chercheurs.
Dans un système concurrentiel tel qu’il est en train d’être mis en place, nous ne luttons pas à armes égales avec les « pôles universitaires » ; nous serons donc ravalés au rang de collège universitaire au mieux (c’est-à-dire niveau Licence, sans d’ailleurs les moyens permettant d’obtenir les 50% de licenciés voulus par le gouvernement, sauf à baisser le niveau exigé…), et d’antenne rouennaise ou caennaise au pire.
En tout cas, à terme, la recherche, principalement en sciences sociales, sera réduite à néant au Havre : finis les colloques, les publications collectives qui nourrissent la réflexion des étudiants, finie l’université populaire qui tisse le lien avec la ville et sa population, finies les invitations de professeurs étrangers qui permettent le lien social et intellectuel… Paradoxal par exemple pour ce qui concerne l’enseignement du Droit, créé il y a 25 ans par le sénateur UMP Patrice Gélard, Professeur de droit honoraire, et développé depuis avec constance et rigueur ! Paradoxal dans la ville qui a accueilli N. Sarkozy pour son premier meeting post-présidentiel !
A terme, les universitaires seront cantonnés aux tâches d’enseignement et administratives. D’ailleurs, il est remarquable que les promoteurs de la réforme, libéraux parmi les libéraux, génèrent en réalité une bureaucratie incroyable ! En clair, un métier qui n’a pas été choisi par la large majorité d’entre nous ! Il y a une sorte de rupture du contrat moral qui noue lie à l’Etat ! Sans parler de la soumission aux instances universitaires locales et de toutes les perversions imaginables : arbitraire, localisme, clientélisme…
Les actions se mettent donc en place doucement. Le Conseil de Département de Droit, suivi par l’AG (personnels/étudiants) du 22 janvier, a par exemple décidé l’envoi des notes du 1er semestre à Mme Valérie Pécresse, ministre en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, à laquelle les étudiants pourront s’adresser pour en obtenir communication ! L’envoi des notes est prévu pour le début de semaine prochaine. Bien entendu, les jurys du 1er semestre ne seront pas convoqués, ce qu’a décidé également la dernière AG. Le Conseil de Département d’Anglais a également voté contre l’envoi des plaquettes de « masterisation » aux instances supérieures. Les scientifiques analysent le système « SYMPA » et ses effets destructeurs. Collectivement, nous résistons aussi à l’évaluation de nos enseignements sans aucun critère.
La participation à la journée du 29 janvier sera massive et se prépare également une journée d’action des universités du Grand Ouest le 5 février !!
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